L’hypnose est un état modifié de conscience, la transe, ainsi que les techniques permettant de le créer et les méthodes thérapeutiques utilisées pendant cet état.

 

Repères historiques

L’hypnose s’est développé au fil du temps, depuis l’époque préhistorique jusqu’à nos jours.

  • Le XVIIIe siècle marque un tournant dans son histoire, avec Mesmer et Puységur.
  • Au XIXe siècle Charcot étudie l’hystérie, dans laquelle il ne retrouve pas de lésions organiques du cerveau et Bernheim travaille sur les applications thérapeutiques de l’hypnose.
  • Erickson renouvelle l’hypnose au XXe siècle, le patient devient acteur de sa guérison.
  • Au XXIe siècle, les mécanismes de l’hypnose sont mieux connus grâce aux progrès des neurosciences, elle entre dans les hôpitaux.
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L’état hypnotique ou transe

L’état hypnotique est un état modifié de conscience différent de la relaxation et la méditation. Il peut être léger (rêverie, « dans la lune ») ou plus profond.

  • C’est un état naturel que nous vivons à minima tous les jours quand nous sommes absorbés dans une tâche, travail, lecture, jeux pour les enfants, etc.
  • Aujourd’hui, les méthodes d’imagerie cérébrale (IRMf, etc.) permettent de l’explorer et de mieux le comprendre.

Jean Godin, médecin français, définit l’hypnose comme :

  • « un mode de fonctionnement psychologique dans lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur.
  • Ce « débranchement de la réaction d’orientation à la réalité extérieure » qui suppose un certain lâcher-prise, équivaut à une façon originale de fonctionner à laquelle on se réfère comme à un état. »

L’état hypnotique est variable :

  • selon la personne, la méthode utilisée, la profondeur de l’hypnose, et d’autres facteurs.
  • On observe une réduction du champ de la conscience, une introspection, des rêves, un état dissociatif et diverses manifestations (déglutition, clignement des paupières, etc.).
  • Il peut également être obtenu par la personne elle-même (autohypnose).

L’hypnose peut être atteinte par de très nombreuses techniques d’induction, brèves (« dormez, je le veux ») ou progressives ( » vous êtes bien, vos muscles se détendent, vos paupières sont lourdes etc. »), ou des « techniques de confusion ».

Le langage verbal et non verbal du thérapeute joue un rôle important pendant la séance d’hypnose, en permettant de construire-déconstruire la réalité.

Les craintes vis-à-vis de l’hypnose, liées à la perte de contrôle de la personne pendant la séance, ne sont pas fondées :

  • cette perte de contrôle n’est que partielle, au niveau conscient, mais l’inconscient reste tout à fait actif pour assurer la sauvegarde de la personne (réflexes automatiques),
  • et les suggestions ne fonctionnent que si elles sont en accord avec l’inconscient de la personne.

 

Hypnose et psychothérapie

Psychothérapie

  • Hippolyte Bernheim a proposé le terme « psychothérapie » en 1891 pour désigner sa pratique de l’hypnose.
  • De nombreuses méthodes modernes de psychothérapie dérivent de l’hypnose.
  • Elle peut également s’intégrer à tout autre approche psychothérapique, en agissant comme accélérateur.

Sigmund Freud

  • Freud a utilisé au début l’hypnose auprès de ses patients « hystériques »,
  • avant de l’abandonner pour créer la psychanalyse, en disant que le patient devait découvrir sa propre vérité par sa parole.

L’hypnose ericksonienne

Milton Erickson, psychiatre américain (1901-1980), a joué un rôle central dans l’hypnose thérapeutique et médicale moderne :

  • « L’hypnose offre, tant au patient qu’au thérapeute, un accès aisé à l’esprit inconscient du patient. Elle permet de s’occuper directement de ses forces inconscientes […] et elle autorise l’identification des éléments de l’expérience de vie d’un individu qui ont de l’importance pour la personnalité et auxquels on doit accorder toute l’attention requise si l’on souhaite obtenir des résultats thérapeutiques. »
  • C’est le patient qui est acteur de sa guérison, l’état hypnotique lui permettant d’accéder à ses ressources intérieures.
  • L’hypnose est une « relation pleine de vie » entre deux personnes.

Autres hypnoses actuelles

  • L’hypnose lancastérienne, proposée par Erich Lancaster en 1973, cherche à s’assurer de la tenue des résultats sur le long terme.
  • L’hypnose européenne, dérivée de l’hypnose classique, s’intéresse à la modification des symptômes psychiques et des comportements.
  • L’hypnose elmanienne, de Dave Elman, utilise une technique d’induction rapide spécifique, afin d’obtenir une transe profonde « somnambulique » permettant des interventions chirurgicales sous hypno-anesthésie.

 

Hypnose et anesthésie

L’utilisation de l’hypnose en anesthésie remonte au XIXe siècle (Braid en Ecosse), avant que les chirurgiens aient des médicaments anesthésiques à leur disposition.

Dans « l’hypno-sédation » utilisée aujourd’hui, l’hypnose vient compléter une anesthésie médicamenteuse, avec anesthésie locale et antidouleurs.

  • Elle permet d’améliorer le confort du patient, de diminuer l’anxiété et la douleur ainsi que les doses de médicaments utilisés, et le patient récupère plus rapidement après l’opération. C’est particulièrement intéressant pour les enfants.
  • Il est possible d’utiliser ce type d’hypnose dans divers opérations chirurgicales.
  • Elle nécessite la formation de l’anesthésiste à l’hypnose et la motivation du patient. L’anesthésiste lui propose avant l’intervention de choisir un événement personnel agréable qu’il va revivre pendant la chirurgie (vacances, voyage, etc.).

 

Mécanismes d’action de l’hypnose

Les médecins se sont interrogés depuis longtemps sur les mécanisme de l’hypnose. Les techniques actuelles d’imagerie cérébrale (IRMf, PET, SPECT, etc.) mettent en évidence certaines régions cérébrales dont l’activité est modifiée pendant l’hypnose.

Hypnose et douleur

En cas de stimulation douloureuse, quand on pratique l’hypnose on observe :

  • une diminution de l’activité du cortex cingulaire antérieur (aspect émotionnel de la douleur) et du cortex somato-sensoriel (perception de la douleur) (de Fraymonville, Rainville),
  • une augmentation de la modulation de l’activité du cortex cingulaire antérieur par le cortex pré frontal (modification du jugement, de l’attention ou de la mémoire des stimulations),
  • une variation de connectivité entre le cortex cingulaire antérieur et le thalamus (intégration des sensations),
  • une diminution de l’activité des régions cérébrales (aire motrice pré-supplémentaire, tronc cérébral) responsables des réactions motrices (mouvements),
  • des  modifications de l’activité cérébrale au niveau des réseaux de la conscience.

Hypnose et attention

Lors d’une suggestion hypnotique d’attention, on observe une modification de l’activité du cortex cingulaire antérieur  (impliqué dans la détection des conflits) :

  •  modification variable selon la suggestion utilisée
  •  soit baisse d’activité (Raz), soit augmentation (Egner)

Hypnose et mémoire

Lors d’une séance d’hypnose on peut observer :

  •  la réapparition de souvenirs oubliés,
  •  une amnésie de la séance,  lors d’une suggestion d’amnésie, liée à une possible inhibition de régions cérébrales impliquées dans la récupération des informations en mémoire (Mendelsohn).

Hypnose et génétique

L’hypnose pourrait faciliter l’expression de certains gènes (Rossi).

 

Note : hypnose spectacle

L’hypnose est une vieille pratique, qui s’est développée aux limites entre spiritisme, spectacle, sciences et médecine. Son utilisation en thérapie, dont l’intérêt est aujourd’hui démontré, a été dans le passé objet de nombreuses controverses.

L’hypnose spectacle, quant à elle, poursuit un but de divertissement

  • Le « magnétiseur » choisit une personne particulièrement réceptive qui participe volontairement un jeu de rôle où elle obéit à ses suggestions, pour se mettre en scène et satisfaire aux attentes du public.
  • Kreskin a montré que la personne n’est pas obligatoirement en état hypnotique.