La découverte de l’EMDR (passé)

Le protocole EMDR pour le traitement du Trouble de stress post traumatique (TSPT /PTSD) a été développé progressivement dans les années 1980 par Francine Shapiro aux USA. Ce protocole inclut des « stimulations bilatérales alternées » sous la forme de mouvements oculaires alternatifs, induits par des mouvement de la main du thérapeute.

Le sigle EMDR correspond à « Eye Movement Desensitization and Reprocessing » (Désensibilisation par les mouvements oculaires et retraitement). Cette psychothérapie a été importée en France en 1995, puis pratiquée par des professionnels en Europe.

L’efficacité de cette procédure a été démontré au début par F. Shapiro au cours de séances de soins de vétérans de la guerre du Vietnam et de personnes victimes d’abus sexuels, en état de stress post traumatique.

Dès le départ l’approche a été scientifique, avec des évaluations par le patient de divers paramètres de son état psychique et physique. L’utilisation de tests et de protocoles standardisés a permis, dans les années 1990 et 2000, le développement d’une recherche active et la production d’articles de recherche fondamentale et clinique dans le domaine du traitement des psychotraumatismes de l’adulte.

En découvrant l’EMDR, F. Shapiro a permis de traiter des traumatismes psychiques handicapants que les autres thérapies connues alors, moyens médicamenteux ou psychothérapiques, n’avaient pas soulagés.

Le protocole EMDR

  • « Le praticien travaille avec le patient, le guidant progressivement pour revivre l’incident traumatique. Les mouvements oculaires sont impliqués pendant tout le processus. Quand le souvenir est évoqué, les patients refont alors l’expérience des sensations et des émotions d’une nouvelle façon.
  • La thérapie EMDR permet d’acquérir la compréhension de soi et la perspective qui permettront au patient de choisir ses actions, plutôt que de se sentir impuissant face à leurs réactions.
  • Ce processus peut être complexe s’il y a beaucoup d’expériences reliées aux émotions négatives.
  • Les séances de thérapie EMDR continuent jusqu’à ce que les émotions traumatiques aient disparues. »

Il a été démontré que les mouvements oculaires accélèrent le retraitement des souvenirs traumatiques induits par le protocole EMDR. Ceci est le but de la thérapie, avec un protocole complexe qui inclue des approches comportementales et cognitives (Joseph Wolpe et TCC).

Les stimulations peuvent se réaliser sous diverses formes, mouvements oculaires classiquement, mais aussi tapotements ou sons.

 

Le développement de l’EMDR (présent)

Après plus de 30 ans d’existence, l’EMDR a évolué d’une simple technique pour laquelle on ne comprenait pas les mécanismes à une modalité thérapeutique complexe qui intègre des notions de différentes approches thérapeutiques.

Les recherches et les publications sur l’efficacité de l’EMDR sur les traumatisés graves permettent maintenant d’évaluer son intérêt pour d’autre types de psychotraumatismes et de maladies : deuils, divorces avortements, phobies, cancers.
Des affections psychiatriques telles qu’état dépressif, angoisse, troubles compulsifs, schizophrénies sont maintenant traitées par l’EMDR.

Recherche clinique

La recherche clinique en EMDR est importante et le nombre d’articles publiés dans des revues internationales augmente régulièrement (56 articles en 2017, 74 en 2016, 50 en 2015, 41 en 2014, 49 en 2013, 43 en 2012, 31 en 2011, 30 en 2010, 23 en 2005, 21 en 2000).

Une revue de la littérature disponible (Valiente-Gomez et al, Front Psychol, 2017 Sep 26 ;8 :1668) conclut que la thérapie EMDR est utile pour traiter les symptômes associés à des désordres psychiatriques et est plus efficace que les TCC. Cette thérapie est aussi utile pour améliorer les symptômes psychotiques ou affectifs.

Dans les dernières années, le protocole a été utilisé chez des enfants et adolescents traumatisés avec de meilleurs résultats que les thérapies comportementales et cognitives (TCC) (de Roos et al, J Child Psychol Psychiatry, 2017,58(11) ::1219-1228.

Il y a donc beaucoup d’évolutions positives si on compare ces données aux résultats obtenus au départ pour les TSPT. Cet élargissement des indications de l’EMDR supporte la perspective d’un développement nettement plus important que prévu.

Recherche fondamentale : mécanismes d’action

Le mouvement de l’œil revêt une grande importance dans la gestion neurologique des mémoires, traumatiques ou non, et les programmes de recherche fondamentaux sont centrées sur les mécanismes neurobiologiques de l’EMDR.

Il a été démontré (Pagani et al Front Psychol 2017, 8 :1935) que pendant les séances d’EMDR le « firing » des neurones passe des zones limbiques (hippocampe, amygdale) aux zones corticales. Cela s’accompagne par une synchronisation de l’activité corticale dans la fréquence delta (ondes lentes typiques du sommeil profond). L’ensemble des données suggèrent que le protocole EMDR intervient dans la mémoire de travail.
Cela confirme le modèle AIP proposé par F. Shapiro (Adaptative Information Processing) qui fait de l’EMDR un moyen de retraiter des informations dysfonctionnelles et pathogéniques.

De nombreuses recherches commencent à montrer que des « mémoires dysfonctionnelles » et traumatiques sont à l’origine de nombreux désordres mentaux : stress post traumatique, dépressions, addictions, douleurs chroniques, etc.
Cela élargit considérablement l’impact de la thérapie EMDR dans le champ de la psychothérapie.

Les mécanismes d’action du protocole EMDR ne sont pas encore complètement compris et une grande possibilité d’investigations est ouverte dans ce domaine.

 

Perspectives (futur)

On peut prévoir une utilisation de plus en plus importante de cette psychothérapie qui « guérit » en traitant des « mémoires » de traumatismes et de stress psychique.

Elle n’a pas d’effets secondaires négatifs comme peut l’avoir un traitement pharmacologique.
De plus on constate, dans les cas les plus sévères, une synergie positive entre ces deux approches thérapeutiques, EMDR et pharmacologie.

L’impact de l’EMDR est important sur les plans humain, économique et social.

Il reste de nombreux champs dans la pathologie et des mécanismes d’action du protocole EMDR à découvrir ou à préciser.

La psychotraumatologie est un domaine vaste et éclectique, dans lequel l’EMDR continue à affirmer sa place grâce à une recherche clinique et fondamentale de qualité.