Savoirs et faux-savoirs

Chercheurs, professionnels ou usagers, nous devons tous nous interroger sur la validité du savoir scientifique.
De cette interrogation naissent de nouveaux concepts, de nouvelles idées nous permettant de progresser. Sans cela la science restera pourvoyeuse de faux savoirs, d’autant plus dangereux qu’il revêtent ici les atours de savoirs scientifiques, intouchables car démontrés.

Montaigne l’avait déjà décrit dans sa fameuse métaphore du rouet.

Selon Simmel, nous pouvons discuter tous les maillons d’une chaîne argumentative, sauf le premier. Il s’en suit que toute connaissance est dépendante d’un point de vue.

Un article disponible sur le site CAIRN.INFO fait le point.
Délectez-vous !

LA SCIENCE AUX SOURCES DES FAUX SAVOIRS DANS L’ESPACE PUBLIC
Raymond Boudon
https://www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2013-2-page-307.htm

Résumé

Toute science repose sur des principes, par essence indémontrables, et qui peuvent seulement être validés à l’usage, après qu’aient été entreprises des recherches diverses fondées sur ces principes, lesquelles peuvent aboutir ou échouer. Il résulte de cette difficulté, que Montaigne avait déjà clairement identifiée et qui, dit-il, nous met au rouet, que le diagnostic sur la validité, l’absence de validité ou les limites de validité d’un principe ne peut généralement être porté dans le court terme.

C’est pourquoi les sciences peuvent donner et donnent normalement cours pour un temps plus ou moins prolongé à des idées fausses. Il faut distinguer ces faux savoirs de ceux qui dérivent de principes dont la fragilité ne fait guère de doute, mais qui continuent de mener leur vie dans l’espace public, comme c’est le cas de l’astrologie, parce qu’ils sont portés par une demande et par des entrepreneurs qui l’exploitent.

Du fait que les faux-savoirs issus des difficultés que soulève la validation des principes bénéficient pour un temps plus ou moins long de l’autorité de la science et des scientifiques, ils peuvent avoir et ont effectivement parfois une action sournoise sur la vie sociale et politique bien plus profonde que celle des pseudo-sciences avérées.

On esquisse ici de brèves monographies portant sur quelques uns des principes adoptés par les sciences humaines et sociales, celles auxquelles on s’intéressera ici. On n’a aucune peine à comprendre les raisons pour lesquelles elles ont endossé ces principes. Or elles les ont poussé dans leurs déclinaisons contestables à des errements parfois porteurs d’effets politiques et sociaux graves.

Les difficultés qui s’opposent à la validation des principes ne justifient toutefois en aucune façon le scepticisme à l’égard des sciences qui tend à prospérer aujourd’hui sous l’influence du postmodernisme, s’agissant aussi bien des sciences humaines et sociales que des sciences de la nature.

Mots clés. – Idées fausses ; Pensée ordinaire ; Pensée scientifique ; Sciences humaines ; Sciences de la nature, Validation des principes.

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